
Lundi 6 janvier 2014,
« Nous sommes ce que nous décidons d'être. »
PDV Malya
Je contemple sagement le soleil se levant doucement, il est 7h30 et dans exactement 1h, je reprends ce que l'on surnomme populairement, les cours. Je ne suis pas particulièrement enjouée. Ni déçu. Je suis déjà prête et j'attends simplement la bonne heure pour arriver à l'heure. Je me prépare psychologiquement. Je sais déjà ce que je vais subir, et honnêtement, mes journées ne seront pas de tout repos. Le bruit de la sonnerie qui retentit exactement à une heure d'intervalle, le bruit des pas claquant sur le sol, le bruit des blablas incessants qui ne s'arrête jamais. C'est fou ce qu'un vampire doit se contrôler pour ne pas littéralement péter un plomb dans ce genre d'endroit. Je pense que le pire, c'est bien les professeurs. J'ai pratiquement le triple de leur âge et ce qu'ils ont à apprendre est aussi ennuyant que leur vie. Les pauvres. Je les plains.
Je regarde l'heure presque toutes les 5 minutes. Je crois que je stresse. Et je déteste ça. Il y a beaucoup de monde dans un lycée. Autant que dans une boîte de nuit. Et je sais combien il m'est dur de contrôler cette envie de sang qui me submerge à l'entente d'un c½ur qui bat ou à la simple vu d'une personne alléchante.
Il est maintenant l'heure de partir pour ne pas arriver ni en avance, ni en retard. Je prends donc mon sac à main remplit de feuilles, de stylos et de tout plein de choses ne servant strictement à rien, une veste, parce que même si je ne sens pas ce froid sur ma peau, il ne serait pas judicieux pour moi de sortir en tee-shirt. Quoique ce serait drôle à faire. Rien que pour voir la tête des passants se disant tous que je suis complètement folle. Un sourire s'étend sur mon visage, Je rigolerais presque toute seule.
Je marche donc vers ce nouveau lycée. C'est un lycée qui est tout ce qu'il y a de plus simple. Bâtit en trois étages, il n'est pas particulièrement beau ni moche. C'est un lycée quoi.
Arrivée devant cette fameuse prison, les grilles sont déjà ouvertes. Je pousse même un soupir de soulagement en voyant qu'il y a peu de monde à l'entrée. J'espère que ce sera de même à l'intérieur. J'entre et évite n'importe quel regard pouvant se braquer sur moi, ce n'est pas le moment pour faire de gentils sourires polis pour se faire bien voir, pour le moment, je veux juste trouver le bureau de l'assistant du directeur afin qu'il finalise mon inscription et qu'il me donne toutes les informations nécessaires.
J'étais jolie, j'avais des traits fins et réguliers qui plaisaient, je m'en vantais beaucoup d'ailleurs.
Après plusieurs minutes de recherche, je trouve rapidement le bureau. Tous les lycées sont un peu près similaires entres-eux, pas besoin de chercher plus loin que le bout de son nez pour trouver les endroits qui mènent à l'administration. Ils sont souvent dans les endroits les plus cachés et où il est inscrit sur la porte « interdit aux élèves ».
Arrivée devant la porte, je prends une grande inspiration et donne deux petit coup dessus à l'aide de la phalange de mon index. Après avoir entendu un bref « entrez ! », j'ouvre la porte et donne le sourire le plus hypocrite que je puisse encore donner.
- Oui.
Mon ton était fade, sans réelle émotion.
Il m'expliqua donc toutes les démarches nécessaires à suivre pour finaliser mon inscription et me renseigna un peu sur les lieux. Bien sûr je l'écoutais, mais ces mimiques de personnes qui veulent se donner de l'importance et son regard totalement hypocrite me découragèrent à l'écouter attentivement jusqu'au bout.
C'est lorsqu'il me tendit mon emploi du temps que je repris réellement mes esprits. Il se leva et m'expliqua alors qu'il allait m'accompagner dans ma salle de classe afin que je ne hère pas dans les couloirs. Manquais plus que ça. Je faillis pousser un soupir de mécontentement mais je me contentais simplement de répondre par un sourire poli et ravalait doucement mon soupir.
Je le suivais donc sagement comme un gentil petit toutou qui suit son maître. Ça me dégoûtait presque. Il monta au premier étage et toqua à la porte avant de rentrer
Il ne restait qu'une place, au fond, à côté d'une jeune fille brune plutôt jolie. Elle me regarda et me donna un sourire auquel je ne répondis pas. Je ne suis pas là pour me faire des amis. Encore moins pour me forcer à sourire à des personnes qui ne m'intéressent pas.
Le professeur continue son cours en ne me demandant pas de me présenter. Et c'est très bien comme ça, j'aurais certainement dit non de toute façon.
Je suis donc en cours d'histoire-géographie. Et c'est tellement ennuyant que je préfèrerais mourir. Je suis déjà morte. Je tourne légèrement ma tête de droite à gauche en esquissant un sourire invisible. Je me fais rire toute seule. Désespérant.
J'écoute le cours que je connais déjà par c½ur. Et pour faire bonne figure, je lève la main pour répondre à quelques questions que le professeur pose. Et c'est lorsque je vois que ses sourcils se lèvent très légèrement à ma réponse que je comprends que je n'ai plus besoin de faire d'efforts pour ce cours. J'ai réussi à étonner le professeur. Il me laissera tranquille un petit moment.
Je décide de lever la tête afin de regarder discrètement chaque personnage avec qui je vais partager mes prochains mois. Je pousse un soupir. Y'en a pas un qui sort du lot. Désespérant.
Une légère odeur titilla mes narines. Une odeur de sang séché, très légère mais tout de même présente. Elle venait d'un garçon assit deux rangs plus haut. Il avait une légère blessure sur sa tête. Rien de bien intéressant.
Il se retourna et bloqua son regard dans le mien quelques instants, de nature imposante, je ne quittais pas son regard. C'était quoi son problème ?
Déclic. C'était lui. Qui était assis sur mon banc. Et merde. Fallait que la seule personne qui m'avait intrigué soit ici, dans la même pièce que moi. Il détourna son regard, moi aussi.
La sonnerie se fit entendre, elle était forte, stridente et agaçante. Je rangeais rapidement mes affaires et sortit de cette salle trop étroite à mon goût.
Après deux autres heures de cours incroyablement longues, une pause déjeuner d'une heure nous était accordée. Enfin un peu de temps pour m'éclipser. Je marchais vers la sortie lorsque quelqu'un m'interpella.
On m'appelle déjà par mon prénom ? J'aimerais mieux qu'on me laisse tranquille.
J'aperçu mon agenda entre ses mains. J'étais pourtant certaine de l'avoir rangé.
En levant mes pupilles bleues vers lui, je le reconnu tout de suite. C'était l'homme brun. Lui. Encore. Je sens que ce personnage masculin va être un petit soucis cette année. En plus, je le trouvais beau.
- On s'est déjà vu non ? Me dit-il d'un ton interrogateur.
- Peut-être.Je me retournais et commençais mon chemin pour me détendre un peu sur un banc pas très loin du lycée. Comment s'était-il fait cette blessure à la tête ? Pourquoi cet homme attirait ma curiosité ? La colère était présente. Après un siècle de non dialogue avec la race humaine, cet homme avait réussi à arracher un « merci » et un « peut-être » de ma bouche. Frustrant. Je déteste ça. Je ne suis pas humaine, je ne suis pas normale, je ne suis pas comme toutes ces filles où leur premier problème est de savoir si Pierre, Paul, Jean ou Jack est amoureux d'elle, je suis méchante, mauvaise, et ce que j'aime par dessus tout, c'est le sang. Point barre, ça s'arrête là.
J'ai décidé d'arrêter d'éprouver n'importe quoi pour n'importe qui, ne serais-ce de la compassion ou de la tristesse depuis la mort de mes parents. Depuis ce jour, j'ai compris que la douleur étant si intense, le bonheur éprouvé avant ne valait pas la peine d'être vécu. Et puis, je ne pense pas être réellement le genre de personne qui pourrait avoir des amis. Insociable que je suis. Je n'en vois pas non plus vraiment l'utilité. Je suis un monstre. Je suis égoïste. Rien d'autre.
Je ne pense qu'à mon bien être.
L'attachement. Quelque chose de complexe. Et si j'avais simplement peur de faire du mal aux personnes qui pourraient s'intéresser d'un peu trop près à moi ? Je suis impulsive et j'ai déjà fais du mal à des gens que je connaissais très bien. J'ai peut-être peur, qui sait ? J'ai peut-être peur de recommencer. Recommencer à tuer, recommencer à faire du mal aux gens qui m'aiment.
Et si c'était ça, le réel problème ? Et si ce n'était pas moi qui ne voulait pas aimer ? Et si je ne voulais simplement pas qu'on m'aime ?
Je ne le mérite pas.